* * *
C’était il y a 20 ans. Trois-Rivières était une ville plutôt morne. Le centre-ville sentait encore la Wayagamack par temps humides et le boulevard Des Forges était d’une tristesse infinie après les heures d’affaires.
Contre tout bon sens, Jeff Andrews, un grand gaillard timide au dehors et un peu nerd - étudiant en recherches opérationnelles à l’UQTR! - croyait qu’il y avait moyen de l’animer avec cette contre-culture qu’on retrouvait dans les grands centres. Que ça pouvait marcher. Même après un concert de Banlieue Rouge où il avait (encore!) mangé ses chaussettes.

Trois-Rivières est aujourd’hui une ville de spectacles et d’événementiels. Il n’en est pas le seul responsable, cela s’entend. Mais une ville est un peu vide au plan culturel si elle n’offre que des événementiels léchés commandités par Hydro Québec.
Ce que le milieu trifluvien du spectacle lui doit, c’est une bonne dose d’audace. Celle d’offrir des spectacles différents, moins connus, plus marginaux. Parfois plus sales, oserons-nous le dire.
C’était le diplomate par excellence, celui qui savait trouver les compromis. Timide le Jeff, mais il savait créer de sacré liens. On est allé ensemble voir des shows à Montréal et à Québec. Plein de monde est allé voir des shows avec lui à Montréal ou à Québec! On n’a qu’à regarder les témoignages qui déferlent sur sa page Facebook pour s’en convaincre.
Le Gros Michel, légendaire portier aux Foufounes Électriques, l’appelait par son prénom. Il avait ses entrées chez Donald K. Donald pour qui il présentait des concerts à Trois-Rivières. Il était bien fier de me raconter la fois où il avait usé de ses contacts auprès du producteur pour permettre à un journaliste du Nouvelliste de rencontrer son idole, Rod Stewart en arrière-scène. Un grand homme qui avait le bras long!
Aujourd’hui, je suis en deuil de certaines années folles et d’un bon nombre d’articles que je n’aurais pu écrire sans sa complicité.